Dans ma cellule capitonnée

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Depuis que l'on m'a laissé dans cette cellule capitonnée, mon esprit divague et se mêle aux flots incessants de mes pensées. De l'aveu même des médecins en charge de me guider vers le chemin de la salubrité, je suis un cas désespéré sans aucune perspective de rémission. Cette sentence purement subjective me prive ainsi de cette liberté que tout homme normalement constitué aspire. Je n'ai pourtant rien fait de mal. Je voulais simplement extérioriser ma propre personnalité, ma propre conception de la vie. Mais me voici désormais enchainé, bâillonné soit disant pour mon propre bien.

Aux yeux de notre société, il existe un crime impardonnable qui permet à autrui de disposer du droit de retirer toute substance d'un être différent, faisant preuve d'originalité, d'exubérance et de créativité. L'imagination ne laisse place à aucune limite, si ce n'est le support que l'on utilise pour la matérialiser. Malgré cette tendance à libérer mes propres pulsions et émotions à travers l'écriture, la musique ou bien encore l'art visuel, et de ce fait effectuer ma propre thérapie, on m'a jugé comme une personne étrange et parfaitement inadaptée. Quel mal il y'a t'il de vivre dans son propre monde ?

En dehors de ma cellule capitonnée, la normalité semble de mise et se dilue instinctivement dans la masse. Mais qu'est ce que la normalité ? S'agit il d'un concept erroné qui se perpétue afin de garder une certaine stabilité ? La peur de l'inconnu, de perdre un confort illusoire particulièrement morne, ne laissant aucune place à l'épanouissement collectif et individuel ? Nous ne sommes pourtant pas des automates, créé dans le simple but de répéter les mêmes actions perpétuellement. Néanmoins, je remarque que cette mécanique bien huilé semble être le lot commun pour beaucoup d'entres nous.

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Cette déshumanisation, produite en série, détruit nos âmes à petit feu pour ne laisser place qu'à du vide dans les regards. Je ne veux pas être de ceux qui ont vendu leur singularité sur l'hôtel du conformisme. De mon point de vue, la fantaisie n'est pas un échappatoire mais une philosophie régissant ma propre vie. Longtemps, on m'a pointé du doigt, désigné comme une personne subversive, à coté de la plaque et tout bonnement anormal. Bien que j'en ai particulièrement souffert et culpabilisé à de multiples reprises, je suis heureux tel que je suis. Le propre de l'humain n'est il pas de rechercher le bonheur ? Peu m'importe de vivre tel un paria...

Dans ma cellule capitonnée, je reste seul dans ma propre bulle. Je découvre à chaque instant des univers fantastiques, des sonorités mélodieuses ainsi que des formes géométriques qui explosent dans des geysers de couleurs. Je m'en inspire et partage mes créations auprès de mes amis imaginaires. Suis-je devenu fou ? Peut être bien ! Mais rien ne m'empêchera d'exercer cette fièvre créatrice qui me maintiens encore en vie. Non, pas même les drogues que l'on m'injecte continuellement et qui me laisse ainsi dans un état catatonique.

Mes pensées vont au delà de ce que vous pouvez imaginer. Ma conscience se détache peu à peu de mon corps et agit en total indépendance. Un son attire toutefois mon attention. Il s'agit des infirmiers se préparant à une opération chirurgical. Ceux ci se tiennent derrière ma porte. Ils pensent pouvoir me soulager en pratiquant une lobotomie mais en vérité ils vont me libérer ! Mes rêves sont plus que jamais ma réalité... Mes rêves sont plus que jamais ma réalité... Mes rêves sont plus que jamais ma réalité...


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Notes de l'auteur : J'imagine que ce court texte a sans doute pu vous surprendre, par le ton employé et par son aspect quelque peu introspectif. Mais il s'agit pour moi de réaliser une réflexion métaphorique concernant la relation que j'entretiens avec l'art en général. Ma cellule capitonnée étant une image désignant mon gout prononcé pour la création ainsi que de la frustration de ne pas avoir eu les moyens de pouvoir réaliser quelque chose de concret. Ce texte se révèle très personnel, puisque personne ne voulait entendre ou voir ce que je souhaitais exprimer. Cette incompréhension de mon entourage m'a valu d'être considéré comme une personne étrange, pour ne pas dire folle, puérile et pas forcément très terre à terre. De par le passé, j'étais le sujet de moquerie et de raillerie. Ce n'est bien que plus tard, avec la découverte du mouvement Punk et Freeparty que j'ai pu me sentir, pendant quelque temps, à ma place. Bien que j'ai délaissé tout ça au profit d'une vie plus conventionnel, je reste encore quelque peu amer et j'émet tout particulièrement des regrets à ce sujet. Heureusement, il me reste encore l'écriture comme moyen d'expression !

Tout ça pour te dire qu'il ne faut en aucun cas vous décourager. Si vous avez la fibre artistique, ne laissez personne dicter vos choix. Ayez l'esprit libre et laissez vous transporter par vos rêves. La créativité est une chose formidable qui fait de vous un être unique, disposant d'une personnalité exceptionnel. C'est cette personnalité qui propagera le gout de reproduire et concevoir des œuvres qui inspireront beaucoup d'entres nous. Cet article sera publié en version anglaise sur le compte de @authentika.

Les arts visuels publiés dans cet article sont l'œuvre de Nick Blinko, artiste, chanteur et guitariste du groupe Rudimentary Peni.

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